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Tuesday, February 13, 2018

FR -- Manlio Dinucci -- L’art de la guerre: A qui sont utiles les “guerres inutiles”

 


L’art de la guerre

A qui sont utiles les “guerres inutiles”

Manlio Dinucci

La chanson qui a gagné avec mérite le Festival de Sanremo est accompagnée d’un vidéoclip qui montre de dramatiques scènes de guerre et d’attentats dans un monde où la vie, malgré tout cela, doit continuer “parce que tout continue au-delà de vos guerres inutiles”.

Essayons de remplacer le vidéoclip par un documentaire sur les derniers événements.
 
  En Europe la NATO est en train de déployer des forces croissantes (y compris italiennes) sur le front oriental contre la Russie, présentée comme une puissance agressive menaçante. Dans le cadre d’un réarmement nucléaire d’un coût de 1.200 milliards de dollars, les États-Unis se préparent à déployer à partir de 2020 en Italie, Allemagne, Belgique et Pays-Bas, et probablement aussi en Pologne et dans d’autres pays de l’Est, les nouvelles bombes nucléaires B61-12, dont seront armés les chasseurs F35. Aux exercices de guerre nucléaire participe l’Aéronautique italienne, qui en septembre dernier a envoyé une équipe auprès du Commandement stratégique des États-Unis. Les USA accusent en outre la Russie de déployer sur son propre territoire des missiles de portée intermédiaire avec bases à terre, en violation du Traité Inf de 1987, et se préparent à déployer en Europe des missiles analogues aux Pershing 2 et aux Cruise des années 80. On crée ainsi une confrontation militaire analogue à celle de la guerre froide, qui augmente l’influence USA en Europe et re-solidarise les alliés dans leur stratégie commune visant à conserver la suprématie dans un monde qui change.

 Cela implique une dépense militaire croissante : l’Italie la portera de 70 à 100 millions d’euros par jour ; l’Espagne à 50 millions avec une augmentation de 73% d’ici 2024 ; la France l’augmentera de 40% en dépassant les 135 millions par jour. Pour accroître la puissance de son propre arsenal nucléaire la France va dépenser 37 milliards d’euros d’ici 2025. 

   Affaires en or pour les industries guerrières : le rendement actionnarial de la plus importante du monde, l’étasunienne Lockheed Martin, a augmenté de 84% en trois ans. Qui sert les puissants intérêts alimentant l’escalade USA/NATO ? Les formations néo-nazies ukrainiennes, entraînées par des instructeurs étasuniens transférés depuis Vicenza. L’Ukraine de Kiev, où convergent des militants d’autres pays, est devenue le “vivier” du nazisme renaissant au coeur de l’Europe (mais on ne parle pratiquement pas de cela en Italie).
 
Au Moyen-Orient, après l’échec, à la suite de l’intervention russe en soutien à Damas, du plan USA/NATO de démolir l’État syrien comme cela a été fait auparavant en Libye, est en cours la tentative, coordonnée avec Israël, de balkaniser le pays en lui arrachant des morceaux de territoire national. Dans une audition au Congrès USA, le 6 février dernier, l’ambassadeur (à la retraite) Robert Ford a déclaré que, pour les opérations militaires et “civiles” en Syrie, où environ 2.000 militaires étasuniens opèrent aujourd’hui dans la partie orientale, les États-Unis ont depuis 2014 dépensé 12 milliards de dollars (en grande partie pour armer et soutenir des mouvements djihadistes afin de miner l’État de l’intérieur).

  En Asie orientale -souligne la “National Defense Strategy 2018” du Pentagone- les États-Unis ont face à eux “la Chine, un compétiteur stratégique qui utilise une économie prédatrice pour intimider ses voisins, pendant qu’elle militarise sous divers aspects la Mer de Chine Méridionale”. Le Pentagone est en train d’examiner un plan pour envoyer en Asie orientale une force de réaction rapide des Marines, lourdement armée.
  
Perdant du terrain sur le plan économique par rapport à la Chine, les États-Unis mettent en jeu leur force militaire. Ils créent ainsi de nouvelles tensions dans la région, non par hasard au moment où se perçoivent des signes de détente entre les deux Corée.
  
Le débouché peut être une autre guerre, non pas “inutile” mais très utile à la stratégie de l’empire.

Edition de mardi 13 février 2018 de il manifesto


Traduit de l’italien par Marie-Ange  Patrizio





NO WAR NO NATO



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