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Wednesday, December 5, 2018

Valentin Vasilescu -- Pourquoi les États-Unis ont-ils échoué dans le détroit de Kertch ?


par Valentin Vasilescu
L’opération conduite par l’Otan et Israël dans le détroit de Kertch ne devait pas se limiter à l’incident qui a été interrompu par la marine russe. Valentin Vasilescu rappelle que le dispositif d’interruption des communications et des commandes de l’Alliance, déjà mis en place dans une partie de la Syrie et à Kaliningrad, est effectif en mer Noire. Aveugle, Bruxelles n’a pas eu accès aux informations qu’il tentait d’obtenir.
RÉSEAU VOLTAIRE | BUCAREST (ROUMANIE) | 4 DÉCEMBRE 2018 

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Il y a des indices qui laissent penser que les États-Unis avaient planifié l’incident dans le détroit de Kertch, en coopération avec l’Ukraine, en essayant de pénétrer l’A2/AD russe, par deux avions de reconnaissance de l’US Air Force : un RC-135V, numéro de série 64-14841, identifiant JONAS 21 et un RQ-4B, numéro de série 11-2047, identifiant FORTE10.
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Il n’y a eu aucun commentaire sur l’incident de la part des États-Unis et de leurs alliés tendant à faire penser que l’opération avait été couronnée de succès, mais je pense qu’ils ont échoué. Pourquoi ?
La Russie a mis en place une vaste zone d’exclusion (anti-access/area-denial : A2/AD) ou « bulle » A2/AD autour de la Crimée. La bulle A2/AD permet à la Russie de refuser à l’Otan l’utilisation de l’espace aérien à l’intérieur de la zone et de bloquer la liberté de mouvement des navires et des forces terrestres de l’Otan. En ce qui concerne les capacités A2/AD, le groupement tactique russe de Crimée héberge les systèmes RL257 Krasukha-4 et R-330ZH Zhitel. Jusqu’à présent ces équipements protègent le détroit de Kertch contre les systèmes de guerre électronique de l’Otan (Electronic Warfare – EW). L’EW consiste à collecter des informations sur l’ensemble du spectre radioélectrique (RWR/ESM/ELINT) et à soutenir les attaques des forces aériennes, navales et de missiles.
Le R-330ZH Zhitel interfère avec les réseaux de communication, en particulier les téléphones mobiles et les téléphones satellitaires. Cela permet d’effectuer des interférences sélectives (« brouillage ») de la station qui émet le signal (ECM : contre-mesures électroniques). Le R 330ZH Zhitel peut également suivre le dialogue (émission-réception) entre les satellites du réseau de navigation, NAVSTAR (GPS) et les véhicules de reconnaissance (RC-135V, RQ-4B). Il peut ainsi perturber la réception des signaux envoyés ou reçus par les plates-formes mobiles ennemies. Son rayon d’action étant très limité (20 à 30 km), pour couvrir un groupe de cibles réparties sur une large zone, les stations R-330ZH Zhitel sont organisées en réseau dans le détroit de Kertch.
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Le complexe Krasukha-4 est principalement destiné à interférer avec les communications des radars au sol, des navires ainsi que celles des types d’avions suivants :
– les avions de reconnaissance (le Gulfstream G550 israélien, le Sentinel R1 britannique, le RC-135V P-8A Poseidon et le E-8 états-unien) ;
– Les drones de reconnaissance (avions sans pilote) états-uniens : le RQ-4B Global Hawk, le MQ-1 Predator ;
– Les avions AWACS (Airborne Warning and Control Systems),
Le système Krasukha-4 interfère également avec les communications des satellites militaires états-uniens Lacrosse ou Onyx, placés en orbite basse. Cela crée un » bouclier d’invisibilité » ou un rideau impénétrable pour l’Otan.

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