COMMUNIQUÉ POUR MANLIO DINUCCI
Pourquoi se termine ma collaboration avec il manifesto
Le 8 mars, après l’avoir brièvement publiée
sur le site (cf. Ukraine, tout était écrit dans le plan de
la Rand Corp. https://ilmanifesto.it/ucraina-era-tutto-scritto-nel-piano-della-rand-corp/ ) la rédaction du manifesto
a fait disparaître pendant la nuit la rubrique L’Art de la
guerre y compris de l’édition papier, parce que j’avais refusé de me
conformer à la directive du Ministère de la Vérité et avais demandé d’ouvrir un
débat sur la crise ukrainienne. Ainsi se termine ma longue collaboration avec
ce journal, sur lequel pendant plus de dix ans j’ai publié la rubrique.
Je salue chaleureusement les lecteurs, que
je continuerai à informer à travers d’autres canaux.
Manlio Dinucci
10 mars 2022
Traduction
Marie-Ange
Patrizio
« L’ART DE LA GUERRE »
Ukraine : tout était écrit dans le plan de la Rand Corp.
par Manlio
Dinucci
Le plan stratégique des États-Unis contre la Russie
a été élaboré il y a trois ans par la Rand Corporation [1]. La Rand Corporation dont
le quartier-général siège à Washington, est « une organisation mondiale de
recherche qui développe des solutions pour les défis politiques » :
elle a une armée de 1 800 chercheurs et autres spécialistes recrutés
dans 50 pays, qui parlent 75 langues, distribués en bureaux et autres
sièges en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et dans le Golfe Persique. Le personnel états-unien de
la Rand vit et travaille dans plus de 25 pays. La Rand Corporation, qui
s’auto-qualifie d’« organisation sans profit et non partisane », est
officiellement financée par le Pentagone, par les armées de Terre et de l’Air
US, par les Agences de sécurité nationale (CIA et autres), par des agences
d’autres pays et de puissantes organisations non-gouvernementales.
La Rand Corp. se vante d’avoir contribué à élaborer
la stratégie qui permît aux États-Unis de sortir vainqueurs de la Guerre
froide, en contraignant l’Union Soviétique à consumer ses propres ressources
dans l’exténuante confrontation militaire. De ce modèle s’est inspiré le
nouveau plan élaboré en 2019 : « Overextending and Unbalancing
Russia » (Étendre et déséquilibrer la Russie) [2], soit :
contraindre l’adversaire à s’étendre excessivement pour le déstabiliser et
l’abattre. Voilà les principales lignes directrices d’attaque tracées dans le
plan de la Rand, sur lesquelles les États-Unis ont effectivement avancé ces
dernières années.
Avant tout, stipule le plan, il faut attaquer la
Russie sur son flanc le plus vulnérable, celui de son économie fortement
dépendante de l’exportation de gaz et de pétrole : à cet effet on va
utiliser les sanctions commerciales et financières et, en même temps, faire en
sorte que l’Europe diminue l’importation de gaz russe, en le remplaçant par du
gaz naturel liquéfié étasunien. Dans le domaine idéologique et informatif, il
faut encourager les protestations internes et en même temps miner l’image de la
Russie à l’extérieur. Dans le domaine militaire il faut opérer pour que
les pays européens de l’Otan augmentent leurs forces dans une fonction
anti-russe. Les USA peuvent avoir de hautes
probabilités de succès et de forts bénéfices, avec des risques modérés, en
investissant majoritairement dans des bombardiers stratégiques et des missiles
d’attaque à longue portée dirigés contre la Russie. Déployer en Europe de
nouveaux missiles nucléaires à portée intermédiaire pointés sur la Russie leur
assure de fortes probabilités de succès mais comporte aussi de grands risques.
En calibrant chaque option pour obtenir l’effet désiré —conclut la Rand— la
Russie finira par payer le prix le plus haut dans la confrontation avec les
USA, mais ceux-ci et leurs alliés devront investir de grosses ressources en les
soustrayant à d’autres objectifs.
Dans le cadre de cette stratégie —prévoyait en 2019
le plan de la Rand Corporation— « fournir des aides létales à l’Ukraine
exploiterait le plus grand point de vulnérabilité extérieure de la Russie, mais
toute augmentation des armes et du conseil militaire fournis par les USA à
l’Ukraine devrait être attentivement calibrée afin de provoquer les coûts pour
la Russie sans provoquer un conflit beaucoup plus ample dans lequel la Russie,
à cause de la proximité, aurait des avantages significatifs ». C’est justement là —dans ce
que la Rand Corporation définissait comme « le plus grand point de
vulnérabilité extérieure de la Russie », exploitable en armant l’Ukraine
de façon « calibrée pour augmenter les coûts pour la Russie sans provoquer
un conflit beaucoup plus ample »— qu’est advenue la rupture. Prise dans
l’étau politique, économique et militaire que les USA et l’Otan resserraient de
plus en plus, en ignorant les avertissements répétés et les propositions de
négociations de la part de Moscou, la Russie a réagi avec l’opération militaire
qui a détruit en Ukraine plus de 2 000 structures militaires
réalisées et contrôlées en réalité non pas par les gouvernants de Kiev mais par
les commandements des USA et de l’Otan. L’article
qui, il y a trois ans, rapportait le plan de la Rand Corporation se terminait
par ces mots : « Les “options” prévues par le plan ne sont en réalité
que des variantes de la même stratégie de guerre, dont le prix en termes de
sacrifices et de risques est payé par nous tous ».
Nous sommes en train de le payer maintenant, nous
les peuples européens, et nous le paierons de plus en plus cher, si nous
continuons à être des pions sacrifiés dans la stratégie USA-Otan.
Traduction
Marie-Ange Patrizio
Source
Il
Manifesto (Italie)
No comments:
Post a Comment
Note: Only a member of this blog may post a comment.